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Gens du pays; ces contes et territoires qui nous unissent

L'appartenance

Gens du pays; ces contes et territoires qui nous unissent

  • Date:
    21/4/2021
  • Auteur:
    Catherine Fontaine-Lavallée

L’humain, ce raconteur

L’unicité de l’humain fait souvent référence à notre grande intelligence, notre langage complexe, au fait d’être bipède ou encore à notre organisation sociale. Ces éléments ont effectivement largement contribué au développement de notre espèce, mais cette liste n’est pas exhaustive. Un des autres éléments souvent sous-estimés est notre capacité à raconter des histoires, à imaginer, à générer du sens.

Les histoires, partie intégrante de nos vies ? Oui ! D’une blague relatée autour d’une bière aux conversations tenues entre amis, raconter nos vies ou encore celles des gens autour de nous (le gossip) et ce qui nous entoure est notre façon de connecter avec les autres. Sans nous en rendre compte, enfants ou adultes, nous créons sans arrêt des histoires, des scénarios, des rêves éveillés autour de nos univers sociaux, explique le professeur Jonathan Gootschall dans son livre The Storytelling Animal. Grâce au langage, nous sommes en mesure d’exprimer une pléiade de concepts, de détails et de nuances. De plus, notre langage est teinté d’images, de métaphores, qui ajoutent des dimensions à nos histoires. Nous discutons entre nous afin de créer et maintenir une relation entre individus. Cette relation, sans surprise, est largement affectée par le territoire qui nous est commun. Le territoire est le terrain de jeu qui développe et encadre nos relations, mais oriente également le langage. L’exemple des langues autochtones est parlant : il existe plus d’une centaine de mots pour dire le mot “neige” entre les Inuits, les Algonquins, les Hurons et les Mohawks ! Loin d’être banale, notre capacité à décrire l’environnement qui nous entoure - et interagir avec lui - aurait permis à notre espèce de coordonner les membres d’une même communauté et de contrôler notre environnement, par exemple par l’établissement de villages qui sont à la base des grandes civilisations.

L’imaginaire commun, une histoire de territoire

Notre territoire influence aussi grandement les contes et les légendes, les arts et la culture du peuple qui y vit. Le fleuve Saint-Laurent est, par exemple, un élément central de nombreux paysages observés par les Québécois, et cela se reflète dans le nombre de parcs nationaux, de musées et de villages pittoresques le long de ses rives. Collectivement, cet imaginaire commun, cet assemblage des imaginaires de la population, nous rassemble. Ces éléments collectifs contribuent ensuite à une mémoire commune qui se développe en un sentiment d’appartenance. Un exemple de mémoire collective est le célèbre Madrid - enfin, sa version 1.0. Vous savez bien, il s’agissait de ce restaurant, maintenant une véritable halte routière, sur le bord de l’autoroute 20 décoré de dinosaures et de bigfoots. Les enfants trépignaient d’impatience d’apercevoir les bêtes, et les parents étaient soulagés d’atteindre la moitié du trajet Québec-Montréal. Comme population, nous avons créé un univers imaginaire commun autour de ce simple bâtiment et de son résident Normand L’Amour; le Madrid 1.0 était plus qu’un simple restaurant utilisé comme repère géographique. C’était une véritable icône.

Le cerveau, un organe en quête d'interactions

Notre cerveau est souvent comparé à un ordinateur : réseaux neuronaux, câbles (faisceaux) de matière blanche, boucles de contrôle… des termes qui ne sont pas sans rappeler le vocabulaire électronique. Le cerveau humain est fascinant, mais l’observation de plusieurs cerveaux ensemble révèle encore plus de secrets sur son fonctionnement ! « Notre cerveau a besoin des interactions entre individus pour se développer normalement », explique David Eagleman, professeur en neurosciences à l’Université de Stanford, aux États-Unis. Dès notre naissance, notre cerveau est ainsi programmé à rechercher les interactions sociales pour apprendre à survivre et être un humain, mais aussi comprendre le fonctionnement social de son entourage et la communication. L’humain est fondamentalement un être social, et nous créons naturellement des liens avec d’autres individus. Nous sommes faits pour la vie en groupes unis, en tribus.

Le cerveau, un créateur de sens

Le cerveau est en contact avec le monde extérieur grâce à nos sens. Le traitement des nombreuses informations sensorielles se fait dans différentes régions du cerveau; la perception que nous avons de notre environnement et des individus qui nous entourent est une création de notre cerveau. Le corps crée du sens par les sens, grâce aux stimuli extérieurs. Mais pas seulement ! Un nouveau courant théorique de la cognition humaine, la cognition incarnée, inclut le comportement et les interactions entre individus dans notre représentation du monde extérieur. David Eagleman explique d’ailleurs que l’humain possède « des antennes sociales pour comprendre le monde qui nous entoure ». Ces antennes sont largement influencées par les concepts et symboles véhiculés par le langage. 

Quand les lieux racontent

Le sens que nous donnons à ce qui nous entoure se forge également par notre mémoire, l'histoire que nous nous racontons, seuls ou collectivement, et qui correspond à une représentation de nos expériences, et non sa traduction directe. Les mots, les symboles et les icônes sont aussi une manière d'encapsuler la mémoire et le sens. Ces symboles et ces icônes sont des représentations qui peuvent très bien exister sans le langage verbal. Une image vaut mille mots, alors une expérience multisensorielle en vaut certainement des millions ! Orienter cette expérience et sa mémoire, c'est orienter l'histoire qu'elle raconte. Plutôt qu’une image, imaginons un projet architectural. Un excellent exemple du pouvoir de l’environnement bâti sur nos perceptions et le lien avec la culture : les églises. Majestueuses, une luminosité qui semble venir du ciel, de la pierre, des vitraux qui illustrent des moments clés de la bible, etc. Ces lieux racontent une histoire propre à la religion qu’ils représentent, et rassemblent les personnes qui y vivent une émotion. Dans son ouvrage Les machines à faire croire, Albert Levy, chercheur en architecture français, raconte d’ailleurs la puissance de l’architecture religieuse pour suggérer le sublime, et nous mettre dans un état d’humilité et de foi.

Esprit des lieux & mentalisme

Chez LabNco, nous croyons que raconter une histoire par l’environnement physique se fait grâce à des outils stratégiques et tactiques. Les outils stratégiques servent à maintenir la cohérence narrative tout au long du parcours des personnes alors que les outils tactiques servent à diriger l’attention des visiteurs au pas-à-pas. 

La stratégie est toujours reliée au contexte socioculturel dans lequel le projet se tient : c’est l’art de relier l’identité d’une organisation et l’esprit d’un lieu à l’histoire de ses visiteurs afin de générer un nouveau narratif commun. 
La tactique, quant à elle, mise sur le corps et ses angles morts tout comme le magicien ou le mentaliste qui joue d’illusions perceptives ou cognitives pour diriger l’attention du spectateur là où il le veut bien. Nous reviendrons sur ces éléments dans un prochain article de blogue. 

Nous vous invitons aussi à découvrir notre service d’Implantation physique de la marque qui vise précisément à raconter une histoire à travers l’expérience en site vécue par les visiteurs. Pour voir un exemple d’application de ce service, découvrez le Parc Muséologique KB3.

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